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L'interview du mois : Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce

Portraits

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26/02/2021

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Celsa Alumna, Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce connaît une carrière au sommet. Actuellement Directrice de la communication & PR chez Netflix, pour la France et l'Europe du Sud, elle a accepté d'évoquer avec nous son parcours, le Celsa, les Alumni, et bien entendu, le métier de communicant. Bonjour Anne-Gabrielle. Pourriez-vous nous raconter votre parcours ?

Bonjour. Comme point de départ, je dirai que j’ai toujours été passionnée par l’actualité et par les sujets liés à l’intérêt général, à la politique. Après des études de droit, je suis partie aux États-Unis, faire un stage au service presse de l’ambassade de France à Washington. Au retour des USA, je me suis inscrite à l’Institut Français de Presse pour des études de journalisme, avant de mener des expériences dans différentes rédactions, au sein de Public Sénat par exemple. C’est alors que j’ai intégré le CELSA, dans le cadre d’un Master 2, pour me spécialiser dans la communication publique. Après cette formation, je suis partie à Bruxelles, travailler au sein de la Commission Européenne, pour le service communication de la Direction Générale Éducation et Culture. L’opportunité s’est ensuite présentée par l’intermédiaire des Alumni du CELSA, de travailler pour le Commissariat à l’Énergie Atomique, le CEA, où je me suis formée à la communication de crise et à la vulgarisation scientifique. 

À l’issue de cette expérience passionnante, j’ai rejoint le cabinet du Ministre de l’Industrie qui cherchait à renforcer le pôle communication du cabinet. Au culot, j’ai fait connaître mon intérêt pour un tel job. Ce fut une expérience folle ! J’étais l’une des rares femmes dans un contexte dominé par des hommes X-Mines. Votre valeur ajoutée de communicante, les premiers mois, vous devez lutter pour la montrer !! Ça forge une grande capacité de travail et de résilience. Mais il y avait une limite à cette séquence, qui a aussi impliqué des renoncements nombreux sur le plan personnel. Aussi, un peu avant la fin de la mandature, j’ai répondu à une offre chez Google. Après une dizaine d’entretiens, j’ai été recrutée. Pendant les presque treize années qu’a duré cette aventure incroyable, j’ai désappris beaucoup de choses. Biberonnée avec une approche très hiérarchique, j’y ai appris les organisations plates, la co-construction, le management d’influence, la prise de risques en permanence et créer des ponts entre les Etats-Unis et la France. Ça a été très formateur. Il y a un peu plus d’un an, Netflix m’a sollicité pour les rejoindre, afin d’aider à développer sa filiale française et accompagner sa croissance en Europe. 

Est-ce-qu’être passée par le CELSA vous a aidé ? 

L’IFP et le CELSA ont été très complémentaires. Le CELSA m’a notamment donné un corpus théorique et une mise en perspective stratégique des sujets. Il y a en effet au CELSA une rigueur dans la façon de présenter des idées qui est extrêmement précieuse, à l’instar de la méthodologie utilisée pour le mémoire de fin d’études. Associé au droit, ce bagage m’a permis de structurer ma « pensée ». Cela me sert tous les jours : dans les fonctions qui sont les miennes, j’essaie d’apporter des éclairages, et de mettre en perspective les situations. 

Comment définiriez-vous la fonction de communicant ? 

La fonction de communicant se trouve résumée pour moi dans le concept de « Chief Consistency officer », qui répond à la question suivante : comment donner de la cohérence entre toutes les fonctions de l’entreprise. Si l’on n’est pas authentique par rapport au dessein de l’entreprise, on se retrouve très vite en situation de dissonance dans un contexte où les citoyens sont très engagés et s’expriment. Il nous faut donc pouvoir répondre à cette question : les objectifs et les moyens que l’on met en place reflètent-ils nos valeurs ? D’où l’intérêt d’être « cohérent ». « Show and not tell ». En tant que communicants, nous avons vocation à être des pilotes de l’exemplarité : les actes de nos entreprises doivent refléter leur discours. 

Le management chez Netflix est singulier, les maîtres mots sont liberté et responsabilité. Tout est basé sur la capacité d’un individu à exercer un jugement et à être responsable. On donne du contexte aux équipes pour les rendre libres et autonomes dans leur prise de décision plutôt que de chercher à les contrôler. Cela correspond aussi à une évolution de la communication au sein des organisations. Pendant longtemps, la communication a été pensée comme une tour de contrôle. Or ça ne rend pas agile. Aussi, il faut de plus en plus renoncer à cette conception pour passer en mode agile, conversationnel, comme on pourrait l’être avec des amis.

Les Alumni pourraient être un levier pour valoriser cette vision de la fonction de communicant ? 

Sur le fond, il y a un travail d’influence à faire qui est majeur ! On se rend compte qu’on peut avoir la meilleure des politiques ou la meilleure des stratégies, mais si elle est mal expliquée, ça créé de la confusion, de la dissonance. La communication est un métier. Sa pluridisciplinarité est essentielle. Le communicant est un expert du lien entre l’organisation et la Société, notamment. Comment créer de l’adhésion et de la compréhension est essentiel. Les Alumni peuvent aussi servir à valoriser cette conception des choses. 

Et en termes de réseau ?

Oui ! Si les Alumni constituent un levier pour renforcer la vision du métier de communicant, leur mission d’animation de réseau est primordiale. Comme je vous le disais, l’un de mes premiers emplois, je l’ai obtenu grâce aux Alumni. En effet, il y a des années, alors que je cherchais du travail, j’étais allée à une réunion d’anciens du CELSA. Lors de cette réunion, j’ai rencontré une personne. Elle était directrice de la communication du Commissariat à l’Énergie Atomique. Elle nous a fait comprendre qu’elle cherchait à recruter. À la fin de l’atelier, elle est venue me voir et m’a dit : «j’ai un poste, est-ce-que ça vous dirait ? ». Et j’ai répondu oui !  Donc, première leçon : se jeter à l’eau, prendre des risques et soigner son réseau ! Et celui des Alumni peut être déterminant. Il l’a été pour moi.

Les Alumni du CELSA, c’est une communauté. Comment renforcer cette dimension selon vous ? 

Les fonctions de cooptation et d’entraide dans des réseaux d’anciens de grandes écoles sont parfois très poussées, comme à l’ENA ou dans les écoles de commerce. Ça se traduit dans le déploiement d’outils de valorisation des offres d’emplois, de bourses des métiers, et en permettant aux membres du réseaux de savoir ce qui se passe. Il y a là un enjeu clairement pris en compte par les Alumni du CELSA.

Dans tous les cabinets de recrutement, il faudrait que soit identifié le « potentiel » CELSA. Assez souvent, dans les recrutements que j’ai opérés, les candidats CELSA ont une capacité à articuler des idées, à faire valoir les choses de façon très structurée et poussée. La grande qualité des gens qui sortent du CELSA, c’est à la fois la hauteur de vue et une certaine humilité face à la complexité de la tâche. La communication n’est pas une science exacte, cela repose à la fois sur l’expérience et beaucoup d’instinct.

Est-ce-que cette situation peut être liée à une reconnaissance imparfaite des fonctions de communicant dans les organisations en France ? 

Oui ! C’est sûr ! Cela tend cependant à changer. Les associations Com-Ent ou Entreprises et Médias agissent en ce sens. Mais c’est l’œuf et la poule : pour faire reconnaître ces fonctions, il faut aussi faire valoir la qualité de ces formations. Un communicant est un expert de la transversalité, qu’il s’agisse de transformation digitale ou de RSE par exemple. Par analogie, on a eu tendance à déprécier le rôle du médecin généraliste par rapport au spécialiste. Ce dernier est très bon sur son couloir de nage quand le généraliste lui, voit le patient dans sa globalité. Il est en capacité de faire un examen clinique ou psychologique et de savoir où adresser les personnes quand il y a un problème spécifique. Le communicant d’entreprise c’est un peu cela : celui qui doit avoir une vue d’ensemble, tant en interne qu’avec les parties prenantes, les journalistes ou les influenceurs. 

Avez-vous gardé des liens avec le CELSA et les Alumni ? 

Oui, même si je n'ai pas eu autant de contact avec les Alumni que je l'aurais souhaité. Chaque fois qu’Assaël (NDLR : Assaël Adary, président de Celsa Alumni) a pu me solliciter, j’ai essayé de répondre présente. J’ai par ailleurs été l’heureuse marraine d’une promo au Celsa et je suis intervenue dans le cadre d'enseignements.  

Je serais ravie d’être plus active pour le Celsa et pour les Alumni. 

Quels conseils pourriez-vous donner aux Alumni du CELSA, étudiants et diplômés ?

Aux étudiants, je donnerais le conseil suivant : plus vite on se confronte au réel, mieux c’est ! Les études donnent un corpus théorique et conceptuel important pour structurer sa façon de réfléchir, de raisonner. Mais se confronter au réel est d’autant plus nécessaire. Maximiser les stages permet de mieux dessiner son projet professionnel et de se construire un réseau. Ensuite, quand on a un premier job et de l’expérience, cela permet de bien identifier ce qui est primordial. 

Un autre point est fondamental pour moi : ne jamais renoncer à ses convictions, ce à quoi l’on croit. Il faut savoir se mettre dans les chaussures des autres, mais sans jamais perdre de vue ses convictions et en écoutant le plus souvent possible ses intuitions. 

Je crois aussi beaucoup à la bienveillance dans le management, dans la façon d’emmener ses équipes. Toujours se dire : je traiterai ces personnes comme j’aimerais être traité. Je crois beaucoup à cela, surtout dans le contexte actuel où l’on demande beaucoup.  L’exigence du travail bien fait est compatible avec la bienveillance ! Enfin, il me semble très important de savoir composer avec des personnalités différentes. Je milite pour un management inclusif : on a tous une place ! Comme dans une équipe sportive. Ça veut dire être très à l’écoute, en particulier de ceux qui parlent peu mais délivrent beaucoup. 

Un dernier point qui m’est cher : je pense que pour être un très bon professionnel, l’équilibre avec la vie personnelle est essentiel. Si vous ne consacrez pas d’attention à cela, vous risquez de vous user rapidement :  la vie professionnelle n’est pas un sprint, mais un marathon ! Je crois que j’ai été une meilleure professionnelle quand j’ai eu des enfants. Ils m’ont aidé à prendre beaucoup de recul. Si on n’est pas nourri d’une manière ou d’une autre, on risque de se couper du réel. 



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